Séverine
Dans la série femmes extraordinaires, aujourd’hui Séverine (1855-1924). Journaliste engagée, elle a longtemps publié « les notes d’une frondeuse » dans le quotidien La Fronde exclusivement féminin et féministe crée par Marguerite Durand. Dans l’affaire Dreyfus, qu’elle a couverte en tant que journaliste, elle a pris parti pour Dreyfus et contre l’antisémitisme (bien qu’elle ait eu des tentations antisémites au début de sa carrière). Elle fut une ardente féministe et se battit pour l’obtention du droit de vote des femmes.
Extrait de sa fiche Wikipédia :
Séverine, née Caroline Rémy, née le 27 avril 1855 à Paris
et morte le 24 avril 1929 à Pierrefonds, est une écrivaine et journaliste
libertaire et féministe française.
Fille d’un petit fonctionnaire (inspecteur des nourrices) à la Préfecture de
police de Paris, Caroline Rémy est née le 27 avril 1855 à Paris. Rien dans
ses origines ni dans sa formation ne la prédisposait à devenir la journaliste
engagée qu’elle sera par la suite.
En 1871, elle est mariée, sans son consentement, à Antoine-Henri Montrobert, un
employé du gaz, dont elle se sépare rapidement, malgré la naissance d’un fils.
Elle est ensuite la compagne d’Adrien Guebhard (1849-1924), professeur de
médecine, issu d’une famille suisse fortunée, qu’elle épouse en 1885, quand le
divorce est à nouveau autorisé en France ; elle a avec lui un autre fils,
Roland.
C’est à l’occasion de cette naissance, à Bruxelles, qu’elle rencontre Jules
Vallès en 1879, peu avant l’amnistie des Communards. Cette rencontre change
complètement le cours de sa vie : outre une profonde amitié qui les unira
jusqu’à la mort de Vallès, elle devient bientôt « le » secrétaire de celui-ci.
À ses côtés, elle apprend le journalisme et s’initie au socialisme. Elle lui
procure le soutien financier d’Adrien Guebhard pour relancer Le Cri du peuple,
qu’elle dirige avec lui, et dont elle reprend la direction après la mort de
Vallès, en 1885, dans l’esprit qu’il avait insufflé au journal. Elle fut la
première femme « patron » d’un grand quotidien. Mais, en 1888, à cause d’un
conflit idéologique de fond avec le marxiste Jules Guesde, elle doit quitter Le
Cri du peuple. Elle continue à écrire, de manière indépendante, dans de très
nombreux journaux, vivant confortablement de sa plume (plus de 4 000 articles).
Son indépendance et son antiparlementarisme la conduisent parfois sur des
chemins incertains. Ainsi, elle écrit en 1893-1894 dans La Libre Parole du
pamphlétaire antisémite Édouard Drumont, dont elle ne partage pas l’antisémitisme
théorisé et systématique ; néanmoins, elle se laisse parfois aller à la
dénonciation de l’« esprit juif » ou des « grands Juifs ».
Manifestation des suffragettes, en présence de Séverine, en tête du cortège.
Tombée amoureuse en 1885 de Georges de Labruyère, un journaliste de L’Écho
de Paris rencontré après le décès de Vallès, elle vit avec lui jusqu’à la mort
de ce dernier en 1920, avant de reprendre la vie commune avec son second mari,
Adrien Guebhard, qui, lui, disparaît en 1924. À partir de 1897, elle publie
chaque jour ses « Notes d’une frondeuse » dans La Fronde, le quotidien
féministe de son amie, la journaliste Marguerite Durand avec laquelle elle
avait été engagée dans le mouvement du général Boulanger. Elle devient l’amie
de Mme Daniel-Lesueur lors de leur collaboration à La Fronde (1897-1903),
puis participe à la création du prix Vie Heureuse (ancêtre du prix Femina) en
1904 (elle en est présidente en 1906 quand le jury se réunit chez Mme Daniel-Lesueur,
celle-ci lui succédant l’année suivante) et restera membre du jury jusqu’à sa
mort.
Séverine s’engage dans la lutte pour le droit de vote des femmes notamment à
travers son billet hebdomadaire qu’elle publie à partir de 1906 dans Nos
loisirs, diffusé à plus d’un demi-million d’exemplaires.
En juillet 1914, tandis que René Viviani devenait président du conseil,
Séverine organisa une manifestation qui rassembla 2 400 personnes en faveur du
vote des femmes. Un cortège, le premier du genre, défila des Tuileries à la
statue de Condorcet. La guerre arrêta momentanément le mouvement. La volonté de
Séverine était d’unifier les associations suffragistes en une entente fédérale
pour le suffrage des femmes qui oublierait les désaccords entre les
associations.
Elle continue à écrire pour de nombreux journaux dans lesquels elle défend la
cause de l’émancipation des femmes et dénonce les injustices sociales. Elle s’engage
aussi dans l’affaire Dreyfus aux côtés des dreyfusards et notamment de Mécislas
Golberg. Très généreuse, elle organise de nombreuses souscriptions. Elle
soutient certaines causes anarchistes, prend la défense de Germaine Berton et,
à la fin de sa vie, s’associe aux efforts entrepris en vain pour sauver Sacco
et Vanzetti en 1927.
Pacifiste, elle condamne l’« Union sacrée » en 1914 et adhère au Parti
socialiste SFIO en 1918. Collaboratrice à L’Humanité, elle adhère en 1921 au
Parti communiste, qu’elle quitte lorsqu’on la met en demeure de rompre avec la
Ligue des droits de l’homme qu’elle avait contribué à créer.
En 1927, elle signe la pétition publiée, le 15 avril, dans la revue
Europe, contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de
guerre, qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté
d’opinion, aux côtés d’Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille,
Jules Romains.
Peu avant sa mort, elle participe à la campagne de soutien à la candidature du
docteur Albert Besson, qui est élu conseiller municipal du quartier
Saint-Fargeau, conseiller général de la Seine puis vice-président du Conseil de
Paris et du conseil général de la Seine. En 1933, en mémoire de celle-ci, il
fera attribuer le nom de « Séverine » au square qu’il fait réaliser porte de
Bagnolet.
Sa maison de Pierrefonds, qu’elle avait baptisée « Les Trois marches » en
souvenir de l’hôtel de Rennes où elle logeait pendant le procès en révision de
Dreyfus en 1899, est rachetée à sa mort par Marguerite Durand qui en fait une
résidence d’été pour les femmes journalistes. La bibliothèque Marguerite Durand
possède de nombreux documents de et sur Séverine, parmi lesquels des
manuscrits, de la correspondance, ainsi que quelques objets lui ayant
appartenu.