Un fils obéissant

Un fils obéissant

Un fils obéissant
Laurent Seksik

Albert Cohen a écrit « Le livre de ma mère », un très joli petit texte que tout un chacun devrait posséder dans sa bibliothèque. Laurent Seksik a écrit « Le livre de mon père ». Mais sans doute n’a-t-il pas voulu qu’on l’accuse de plagier Albert Cohen et il l’a intitulé « Un fils obéissant ».

Seksik est un garçon hypersensible qui sait ne pas refouler ses larmes. Il conte avec des mots choisis l’immense amour qui l’a lié et le lie encore à son père Lucien. Un père professeur qui l’a choyé, encouragé, soutenu, fasciné, qui l’a couvert d’indulgence, qui lui a raconté de si belles histoires de famille…

Le livre est construit autour de la fin de vie de Lucien dans un hôpital de Tel-Aviv et des allers-retours de Laurent entre la France et Israël. Lors d’un de ces voyages en avion, il discute avec sa voisine. Elle est curieuse, le questionne et sert de catalyseur à la narration. Cette astuce littéraire (mais, après tout, peut-être véridique) lui permet de dérouler tout le récit de sa jeunesse doublé de l’histoire des origines familiales que lui contait son père. Ainsi, on découvre les joies et les peines de cette tribu juive d’Alger. Tout y passe : oncle et tante, grands-parents et arrière-grands-parents. Et, anecdotiquement, la vie de l’arrière-grand-oncle, Jacob, apothicaire et épicier, qui inventa « la Jacobine » boisson gazeuse sucrée qui aurait pu faire de la concurrence à Coca-Cola si…

Mais c’est aussi sa propre vie que Laurent Seksik met en scène : sa passion de la littérature et son envie d’écrire… mais son obéissance à sa mère pour devenir médecin. Il fut donc radiologue et ce n’est que récemment, à l’âge de cinquante ans, qu’il abandonna ce métier pour se consacrer pleinement et définitivement à la plume… faisant ainsi le bonheur de son père qui lui avait cependant conseillé de toujours garder « une poire pour la soif » mais qui était si fier de la réussite de son fils*.

Grâce à cette magnifique ode à ce père tolérant, toujours aimant, ce père idéal, on comprend l’hypersensibilité de Laurent Seksik et l’impossibilité de faire son deuil d’un homme à tout jamais présent dans sa vie et son cœur.

* Laurent Seksik a écrit plusieurs best-sellers dont une biographie de Stefan Szweig.

jllb