Un peuple de promeneurs
Alexandre Romanès
Gitan, Tzigane, Alexandre Romanès est aussi propriétaire d’un cirque, comme le fut son père. À l’âge de quarante-cinq ans, lui qui n’a pas lu plus d’une dizaine de livres dans sa vie, couche sur le papier une série d’anecdotes, d’historiettes, de réflexions qui font de ce livre un texte inclassable. Ni roman, ni poèmes : l’éditeur l’a sous-titré « histoires tziganes ». Ça se lit comme on déguste un verre de bière : c’est frais, pétillant, avec une touche d’amertume…
Romanès nous balade dans sa « tribu » de Gitans, nous fait découvrir au quotidien le petit monde du peuple des caravanes qui se moque des « gadjos », les entourloupe et les vole avec art et délectation. Ainsi, quand sa femme Délia parle de leur ami Alberto : « Cet imbécile d’Alberto ! Il en a tant fait que Dorina l’a quitté. Il n’a pas fini de la regretter. Elle avait toutes les qualités : propre, courageuse, fidèle… Et quelle voleuse ! » Évidemment, l’humour est toujours présent dans la parole acidulée de Romanès : « Dans la langue tzigane, police et diable, c’est le même mot », « Une vieille Gitane : dans ma jeunesse, les imbéciles voulaient être jeunes beaux et riches. Maintenant ils veulent être jeunes beaux riches et célèbres », « Sorine, mon fils, huit ans : Papa, ce serait joli s’il n’y avait que des femmes », etc.
Il parle de son père, de sa femme, de ses enfants, de son cousin Roland, de son cousin Sampion, de la patronne du bar à côté du cirque, etc. Et à chaque fois ça fait mouche.
Vous l’avez compris, ce petit bijou est un indispensable moment de détente. Méfiez-vous toutefois que votre portefeuille ne disparaisse pas pendant que vous li lisez !