Le képi
Colette
Je sors tout frais d’un joli moment d’émotion. Bon sang, que Colette écrit bien ! J’ai dévoré ce petit recueil de quatre nouvelles comme on mange une part de gâteau, regrettant à la fin qu’il n’y en eut pas plus. Quatre nouvelles donc, qui font le tour des beautés et des laideurs de la vie, le tout baigné dans une ambiance de fleurs, de parfums, de nature et de sous-bois.
Le képi
Un très joli langage et un vocabulaire précieux servent parfois d’enveloppe plaisante pour mettre encore plus en valeur la cruauté du destin. Ainsi en va-t-il de la vie de « Marco », femme d’une quarantaine d’années divorcée et que la solitude a rendue belle. Sa silhouette éthérée et l’ombre de sa douleur la rendent mystérieuse aux yeux d’un officier de quinze ans son cadet. Elle hésite et se fait désirer, attisant l’ardeur amoureuse du jeune homme. Mais lorsque le bonheur survient enfin, Marco le croque à pleines dents. Tellement à pleines dents que les kilos reviennent… et alors… La suite dans Le Képi.
Le tendron
Albin Chaveriat, cinquantenaire qui porte beau, passe des vacances chez des amis dans le Doubs. Au gré de ses promenades dans la nature, il fait la connaissance de Louise, jeune paysanne de quinze ans. Son âme s’enflamme, tout comme son lyrisme : « Une blonde, même un peu plus que blonde, à la limite de la rousseur, des grains de son sur les joues et le front, les cils couleur de feu. Mais rien des roux albinos au contraire, une vigueur extraordinaire de teint sous la volée de taches de son, et les yeux sablés, comme les joues, de petits grains marrons sur un iris vert. Un des premiers traits que je vis, c’est la couleur de ses petits cheveux, au bord du front, sur la nuque (elle portait un chignon prétentieusement) et qui frisaient, des cheveux presque roses, traversés par le soleil de midi. » Il craque et entreprend de la séduire comme on apprivoise un animal sauvage. Mais qu’a-t-elle à échanger, elle qui ne s’exprime que par des « oui » nets ou des « non » affirmés ? Une idylle se développe qui pourrait tourner à l’orage.
La cire verte
Colette admirait son père, car celui-ci écrivait. Plus exactement, il s’était constitué l’attirail du parfait écrivain : « sous-main, règle en bois d’ébène, crayons taillés au canif, plumes de ronde et de bâtarde, plumes sergent-major, plumes à dessins pas plus grosses qu’une penne de merle ; cires à cacheter, rouge, verte, violette, un tampon buvard, un flacon de colle liquide, sans préjudice des plaques couleur d’ambre transparent, dites “colles à bouche”… » Un beau jour, il lui offre un bâton de cire verte « sablée d’or ». Mais lorsque la voisine, Madame Hervouët, récemment veuve, lui rend visite, elle est attirée par cette cire. Avec une intention bien précise derrière sa tête de folle…
Armande
Accoucher d’un aveu amoureux est parfois difficile. Surtout lorsqu’on se connaît depuis la plus tendre enfance et qu’on n’a jamais entretenu que des rapports d’amitié. Ainsi Maxime, médecin, rêve-t-il de son amie Armande, jeune et belle héritière. Il est partagé entre colère et doux sentiment. Certes Armande prend régulièrement des nouvelles de Maxime. Mais sans jamais exprimer la moindre ferveur envers lui. Timidité ? Éducation trop sévère ? Maxime décide de partir, hésitant à faire ses adieux à l’inaccessible amie. Il s’y résout tout de même. Mais lors de ce rendez-vous « d’au revoir », un lustre se décroche du plafond et s’écrase sur sa tête… Sa vie amoureuse se joue en une fraction de seconde.