Histoire d’une Parisienne
Octave Feuillet
Parce que dans un roman de Pierre Benoît récemment tombé entre mes mains, l’auteur faisait lire à son héroïne les œuvres d’octave Feuillet, j’ai eu envie de découvrir cet écrivain dont je n’avais jamais entendu parler.
Je viens d’achever la lecture de « Histoire d’une Parisienne », et je vous fiche mon billet que je n’ouvrirai certainement pas un second livre de cet écrivain (1821-1890) qui fut pourtant membre de l’Académie française et qu’on surnomma « Le Musset des familles ». Façon ironique de moquer son style à l’eau de rose.
Jeanne de Latour-Mesnil, jeune femme intelligente, sensible, bien éduquée et fort belle, se range aux conseils de sa mère pour épouser le baron de Maurescamp. Celui-ci, bel homme, n’entend rien aux finesses de son épouse. La seule chose qui l’intéresse est de s’envoyer en l’air avec elle, comme il le fait avec ses maîtresses. Mais, au fil des mois, Jeanne, totalement déçue par ce mariage dont elle attendait tant, se transforme en glaçon. Le baron la délaisse. Elle fait la connaissance du comte Jacques de Lerne, beau jeune homme sensible. Leur vision commune de l’amour est si élevée, qu’ils prennent bien garde de s’abstenir de toute relation physique pour ne pas la salir. Amour totalement platonique donc, qui va cependant finir par irriter son mari le baron et provoquer une irrépressible jalousie chez lui qui le conduira au duel avec Jacques.
Je ne déflore pas le reste du récit si d’aucuns d’entre vous souhaitaient s’y lancer par goût de l’aventure littéraire. Octave Feuillet use et abuse de formules alambiquées pour dire des choses simples. Ainsi, pour décrire le fait que le baron ne s’intéressait qu’au physique de sa femme et à son plaisir sexuel personnel, Feuillet s’exprime ainsi : « L’amour de M. de Maurescamp ne contenait aucun élément impérissable. C’était — pour employer une expression de ce temps — un amour naturaliste, et les amours naturalistes, quoiqu’ils ne ressemblent guère à la rose, en ont cependant l’éphémère durée… » Vous voyez le style…
Enfin, pour conclure, j’ajoute que Feuillet ne fait pas dans « la sociale ». Comme beaucoup d’auteurs de cette époque, il ne décrit que des passions de comtes, de comtesses, de barons, de baronnes : il fallait bien faire rêver le peuple. D’ailleurs le monde n’a pas fondamentalement changé. Il n’est qu’à suivre les aventures des Grimaldi sur le rocher ou de la famille royale à Buckingham…