Casse-pipe — Louis-Ferdinand Céline
Voilà un roman de Céline qui m’avait échappé. Il y a du mystère autour de ce texte inachevé, publié en 1949 par les éditions Frédéric Chambriand, puis repris par Gallimard en 1952. Inspiré de sa propre expérience, Céline raconte l’arrivée d’un jeune engagé volontaire, Ferdinand (donc lui-même) un peu avant le début de la 1re Guerre mondiale, et son incorporation dans le 17e régiment de cuirassiers. Le brigadier Le Meheu qui l’accueille est un alcoolo. Son supérieur hiérarchique, le maréchal des logis Rancotte, un allumé de première. Et les hommes de la brigade, principalement de rustres bretons sont tout sauf dégrossis. Ferdinand subit toute sorte de vexations et, en guise de bizutage, doit payer à boire à toute la troupe. Sous la conduite de Le Meheu, ils doivent aller relever des hommes en garde à la poudrière. Mais le brigadier a oublié le mot de passe sans lequel il risque de se faire dézinguer. Il abandonne ses hommes dans une sinistre écurie confiée à la garde de l’Arcille, ramasseur en chef de crottin et foutu caractère. La mission tourne au désastre. Les hommes se saoulent, les chevaux s’enfuient. Rancotte finit par les retrouver. Explications et sanction générale dans une ambiance délirante.
Céline débite sur 160 pages une incroyable logorrhée militaire mêlant argot et métaphores. Il produit du point de suspension et du point d’exclamation à foison. On finit par se lasser de ce tombereau de boue, d’ordures et de puanteur qu’il déverse au fil des feuillets. Certes sa caricature de l’armée de l’époque est réussie, mais pas toujours facile à suivre dans certains passages de ses délires littéraires. Ce livre est présenté comme un complément aux « Carnets du cuirassier Destouches » (publiés deux ans après sa mort en 1962) dans lesquels il a retranscrit le quotidien de sa vie de militaire. Elle fut assez courte. Engagé volontaire en 1912, il est grièvement blessé en 1914. Il deviendra alors pacifiste… avant de dériver dans sa folie antisémite.