Des graines sous la neige : Nathalie Lemel, communarde et visionnaire

Des graines sous la neige : Nathalie Lemel, communarde et visionnaire

Des graines sous la neige : Nathalie Lemel, communarde et visionnaire
Bande dessinée — Scénario Roland Michon, dessin Laëtitia Rouxel
Éditions Locus Solus – 20 €

L’intention était belle : brosser le portrait d’une de ses femmes oubliées de la Commune de Paris, qui furent pourtant déterminantes durant ce mouvement. Nathalie Duval, épouse Lemel, Bretonne d’origine, relieuse de son métier, en fût une des figures les plus emblématiques. Elle partagea cette fougue révolutionnaire avec Louise Michel dont elle fut une grande amie. Hells vécurent ensemble la déportation en Nouvelle-Calédonie, mais Nathalie Lemel fut rapatriée bien avant Louis Michel pour des raisons de santé. Née en 1826 à Brest, elle mourut en 1921 à Ivry, à l’âge de 91 ans.

En 140 pages, dont environ 125 de BD, ce livre nous fait revivre le parcours et l’existence de cette Bretonne de caractère, sa lutte contre la pauvreté, ses engagements syndicaux et politiques. Les auteurs ont choisi d’alterner des scènes en noir et blanc où, interrogée en 1917 par le cinéaste Armand Guerra Nathalie évoque son passé, et des pages en couleurs qui racontent sa vie.

Tout cela est très sérieusement documenté et on sent bien qu’une belle recherche a été effectuée en amont de la réalisation. Malheureusement ça ne décolle pas. Le scénario reste très scolaire avec des dialogues qui peinent à intéresser le lecteur (le scénariste abuse des bulles en breton pour donner du réalisme, mais qui alourdissent et ralentissent la lecture). On finit par s’ennuyer, c’est trop long. Et surtout (désolé pour elle), je n’aime pas du tout les dessins de Laëtitia Rouxel. Je reconnais que pondre 125 planches est un gros travail, mais, pour moi, c’est très mal dessiné. On est à des lieues d’un Tardi ou d’un Bourgeon…

Une bonne intention, une piètre réalisation, à vous de juger. Si vous achetez ce livre, vous apprendrez beaucoup sur la vie de la fougueuse Nathalie Lemel. Mais vous pouvez aussi découvrir son parcours en lisant sa fiche Wikipédia ou, mieux encore, dans le « petit dictionnaire des femmes de la Commune — Les oubliées de l’histoire » paru aux éditions « Le bruit des autres » qui est dans ma bibliothèque féministe et que je consulte souvent.

Encore deux réflexions avant de clore cet article.

1) Armand Guerra a bel bien existé et il a tourné en 1917 un petit film sur la Commune que je ne connaissais pas. (Ce livre a eu au moins la vertu de me le faire découvrir). Le film, qui dure moins de vingt minutes, est disponible sur YouTube ici : https://youtu.be/dzSgOEwHP7E. Restauré par la Cinémathèque française, c’est une petite rareté. Cependant il est pire que mauvais : il est nul, tant sur le plan historique que cinématographique. Mais, pour la petite histoire, Nathalie Lemel apparaît dans ce film vers la fin (voir photo ci-dessous).

2) Les auteurs ne se cachent pas s’être inspirés de leurs lectures pour réaliser cet album. Je venais juste de terminer de lire « L’insurgé » de Vallès quand j’ai retrouvé dans la bouche d’un des personnages de la BD un dialogue carrément repiqué à Vallès. Ce dernier l’attribue à Édouard Roullier, cordonnier, membre du Comité central et signataire de l’Affiche Rouge. Dans la BD il est repris par un ouvrier breton de l’arsenal… Petite déformation de l’Histoire… (voir ci-dessous).

jllb

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