Le sagouin

Le sagouin

Le sagouin
François Mauriac
Livre de poche

Je n’avais jamais lu de livre de François Mauriac… il faut un début à tout. Et voilà une rencontre qui démarre plutôt bien puisque ce petit roman, « Le sagouin » est un chef-d’œuvre de littérature réaliste chargé d’émotion. En voici la trame. Paule Meulière, jeune femme issue de la bourgeoisie bordelaise, a épousé Galéas de Cernès afin de devenir baronne et d’entrer dans le monde de la noblesse. Titre qui ne lui reviendra que lorsque sa belle-mère passera l’arme à gauche. Pour l’heure Paule et son mari vivent dans le château de Cernès avec leur fils Guillaume, surnommé « Guillou » et la vieille aristocrate qui commence à sucrer les fraises.

Paule déteste son mari avec qui elle n’a couché qu’une fois. De cette union furtive et dégoûtée est né ce fils qu’elle considère comme aussi dégénéré que son époux. Elle fait la loi au château, écrasant la famille de sa personnalité rude et autoritaire. Le gamin a été viré de plusieurs institutions catholiques, car à dix ans il pisse encore au lit. Et puis il y a cette rumeur qui laisse entendre que Paule aurait eu une liaison avec un jeune curé… Fausse rumeur, mais qui les isole encore un peu plus de l’Église et qui ferme à Guillou les portes de l’enseignement religieux.

Ne sachant que faire de son gamin, la mère tente de le confier aux bons soins de l’instituteur communiste du village, Robert Bordas. Instituteur qu’elle cherche aussi à séduire par provocation envers sa belle-mère. Bordas comprend que le gamin n’est pas idiot et qu’il pourrait fort bien développer ses qualités naturelles s’il n’était pas étouffé par sa mère. Mais craignant d’être accusé par ses amis de collusion avec les bourgeois, il renonce finalement à s’occuper de Guillou. Inexorablement, le drame final se dessine.

Une belle écriture, une étude fine des personnages : il n’en faut pas plus pour que Mauriac, chrétien de gauche, noue les fils d’un récit poignant qu’on ne peut pas lâcher jusqu’à la dernière page.

jllb