Les os des filles
Line Papin
Le livre de poche
Line Papin est née à Hanoï en 1995, d’un père français et d’une mère vietnamienne. À dix ans la famille décide de s’installer en France. Pour la petite fille, c’est un traumatisme : le changement de mode de vie, la perte de sa nourrice, de ses ami(e)s. Ajoutez à cela une relation quasi inexistante avec sa mère trop occupée par ses traductions et vous avez tous les éléments pour un dramatique cocktail psychologique. À quinze ans, Line est devenue complètement anorexique et se promène sur un fil au-dessus du gouffre de la mort. Hospitalisation, introspection : il lui faudra plusieurs années pour se reconstruire.
Dans ce livre en deux parties (Vietnam/France) l’auteure reconstitue la vie de trois générations de femmes depuis son arrière-grand-mère jusqu’à sa mère. À l’âge de vingt-trois ans, elle fait un retour sur les lieux de son enfance pour s’imprégner à nouveau de sa prime jeunesse et pour faire ses adieux à la petite qu’elle fût. Les portraits de ces femmes soumises à de multiples guerres (1945, puis contre les Français, ensuite contre les Américains et, au final contre l’idéologie communiste) sont particulièrement touchants. On s’attache à « Ba », la grand-mère restée au pays et qui finit par monter un blog anti-communiste, ce qui lui vaudra quelques ennuis avec le parti. Line Papin ne nomme jamais ses parents. Sa mère est « la seconde sœur H. » et son père « le jeune Français ». Cette distance qu’elle prend vis-à-vis d’eux est comme un reproche de l’avoir coupée du monde de sa jeunesse.
La seconde partie qui traite du problème de l’anorexie vécue de l’intérieur par une adolescente est également émouvante.
Line Papin a fait des études littéraires, mais aussi d’histoire de l’art et de cinéma. Son premier roman, « L’éveil » est paru en 2016 chez Stock et son second roman, « Toni » en 2018 chez le même éditeur (Je n’ai lu aucun des deux…).
« Les os des filles » est donc un texte autobiographique qu’on ne peut pas vraiment qualifier de roman. L’histoire est intéressante, mais le style d’écriture se cherche entre un classicisme vaguement imagé et l’argot souvent vulgaire de l’adolescence. Bref, de ce côté, il y a encore un peu de boulot. Ah, au fait, pourquoi ce titre : « Les os des filles » ? Parce qu’une tradition vietnamienne veut qu’au bout de trois ans on transvase les restes des humains dans un coffret plus petit qu’un cercueil, au moment où la chair s’est dissoute et qu’il ne subsiste que les os. Belle métaphore pour parler de l’anorexie, n’est-ce pas ?
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