Les sœurs Livanos

Les sœurs Livanos

Les sœurs Livanos
Stéphanie Des Horts
Livre de poche

L’argent ne fait pas le bonheur chantaient « Les Parisiennes » dans les années soixante. Les sœurs Livanos en sont la parfaite illustration. Filles d’un riche armateur grec, elles sont nées avec une cuillère en or dans la bouche (Eugénie en 1927 et Athina en 1929). L’argent et le pouvoir éblouissent la cadette « Tina » alors qu’Eugénie cherche l’amour. Cette dernière se croit promise à Aristote Onassis, mais c’est sur Tina qu’il jette son dévolu et qu’il épouse alors qu’elle n’est âgée que de 17 ans.

Onassis a fait sa fortune pendant la guerre. D’abord dans le transport des marchandises puis dans l’achat des bateaux qui les convoyaient. Il a aussi mis la main sur les vieux tankers de l’armée américaine et s’est constitué une véritable flotte qui lui rapporte une immense fortune. Riche à milliards il fait face à un autre armateur grec aussi fortuné que lui, si ce n’est plus : Stavros Niarchos. Onassis est un prolo qui a réussi tout seul alors que Niarchos fait partie du sérail. Onassis est vulgaire, Niarchos a la classe. Et il épouse Eugénie. Dès lors entre les deux hommes et entre les deux sœurs la jalousie fait des ravages.

Les couples vont mal. Onassis trompe Tina avec des putains mais aussi avec Maria Callas. Elle demande et obtient le divorce. Elle se remarie avec un anglais, le marquis de Blandford, mais il est ennuyeux comme la pluie. De son côté Onassis se lasse des caprices de la Callas et veut reprendre Tina. Elle se réjouit de le rendre jaloux et se refuse à lui. Vengeance et ambiance.

Niarchos trompe Eugénie avec Charlotte Ford à qui il fait un enfant. Eugénie déprime, se bourre de barbituriques et meurt à l’âge de 43 ans en 1970. Mais on retrouve des traces de coups sur son corps : le plexus enfoncé, la rate éclatée, des marques d’étranglement. Niarchos l’a-t-il tuée ? Un procès a lieu : à coups de millions et avec les avocats les plus réputés, il obtient l’acquittement…

Onassis rêve toujours de gloire et il est tombé amoureux de Jacky Kennedy qu’il épouse en 1968 après s’être débarrassé de la Callas. Toujours classe.

De son côté, Tina ne perd pas de temps. Elle divorce de son Anglais barbant et toute honte bue prend la place de sa sœur, dix-huit mois après sa mort, en épousant Niarchos en 1971. Mais le décès prématuré de son fils Alexandre (qu’elle a eu avec Onassis et dont elle ne s’est jamais occupé) dans un accident d’avion la culpabilise et la déprime à son tour. Elle avale des barbituriques et meurt seule dans son appartement parisien en 1974 à l’âge de 45 ans.

Elles étaient belles, riches, capricieuses, jalouses, insatisfaites, mauvaises mères et malheureuses. Leurs maris étaient de vrais salauds obsédés par l’argent et le pouvoir. Ils leur ont offert des îles, des villas, des immeubles, des appartements. Ils les ont couvertes d’argent, de bijoux, de fourrures, de robes mais aussi de coups. Ça cognait dur dans les deux couples. L’autrice de cette biographie prétend qu’elles les ont aimés pour leur fric mais aussi pour leur sauvagerie, que leurs sentiments étaient exacerbés face à la puissance qu’ils incarnaient. J’ai des doutes. Une chose est certaine, leur existence ne fut pas enviable et pourtant elles ont été enviées. Pauvres petites filles riches… Leur destin reste cependant une épopée époustouflante, souvent cruelle et machiavélique, bien mise en scène par Stéphanie Des Horts.

jllb