Sécession bis

Sécession bis

Sécession bis
Pierre Pelot
Fleuve Noir

Allez hop, un petit Pelot vite fait sur le gaz, le soir avant de s’endormir. Sauf que lorsqu’on tourne la dernière page de l’opus en question, le sommeil a foutu le camp, laissant place à un vague sentiment d’angoisse. Ce livre intitulé « Sécession bis » raconte, comme son nom l’indique, une seconde guerre de Sécession aux États-Unis. C’est encore le nord contre le sud, mais cette fois pour des raisons différentes. Et vous allez voir que le parallèle avec ce que nous sommes en train de vivre est assez frappant, nonobstant le fait que ce livre ait été écrit en 1987.

Un virus se répand dans les états situés le long du Potomac de l’Ohio et du Mississippi. Ceux qui en sont atteints deviennent barjots et dézinguent leur entourage. On isole donc d’urgence cette zone maléfique où le non-droit se répand aussi vite que la maladie et où des bandes armées extrême-droitistes et violentes voient le jour et pullulent comme des cafards. Des affrontements ont lieu entre l’armée régulière venue du nord et ces illuminés de la gâchette, enragés et racistes. John Divirtt (avec deux « T ») fait partie d’une de ces bandes de sauvages : « la Mississipian Wave ». Son action sera de courte durée puisque la fine équipe tombe dans une embuscade et se fait décimer par les « réguliers ». Divirtt est le seul rescapé du lot et il est secouru par un papy du nom de Timmy Torpe. Celui-ci s’avérera être un de ces anciens soldats sur lesquels les militaires pratiquaient des expériences médicales et qui pourrait bien être le « patient zéro » : celui par qui la maladie s’est répandue dans tout le sud ! Torpe, de son vrai nom Antony Burden, cherche à rejoindre le centre où il a été traité plusieurs années auparavant et à retrouver le médecin, un certain docteur Morgansen, responsable de tout ce micmac. L’épisode (car ce livre fait partie d’une saga) s’achève lorsque Torpe et Dirvitt atteignent le centre désormais désaffecté…

La réalité d’aujourd’hui rattrape la science-fiction de Pelot par bien des points : corona virus, bandes armées, délitement de la démocratie. Cette « Sécession bis » n’est pas sans rappeler le gouffre béant qui sépare désormais les républicains trumpistes et complotistes du reste des Américains et cette atmosphère d’avant-guerre-civile qui semble régner aux States. Tout cela fiche un peu froid dans le dos. Ajoutez une ambiance à la « Mad Max » et vous comprendrez pourquoi le sommeil peine à venir en fin de lecture. Pierre Pelot est un auteur sombre dont l’œuvre originale s’est nourrie des cauchemars de la science-fiction et des visions dantesques du cinéma de genre des années quatre-vingt. Fort heureusement dans la vie il sait aussi être un camarade rieur et joyeux quand les circonstances s’y prêtent. Et lorsque nos chemins se croisèrent plusieurs fois dans le passé, les circonstances s’y prêtèrent.

jllb